2006/05/26

Ces heureux hasards ...

Je me permets de vous raconter ce soir cette belle histoire d'amour. L'idée m'est venue après avoir lu ce billet de Patata dans lequel elle parle d'amour, de rencontres et de hasards.




Photo prise à l'été 2005

Nous sommes en mars 1996...
Je reçois un appel de ma cousine Carole. Après les salutations d’usage elle s’excuse d’avance d’avoir donné mon numéro de téléphone à un « homme au cheveux gris », venu chez elle pour s’informer de moi. Spontanément, j’ai le goût de lui dire qu’elle ne se mêle pas tellement de ses affaires mais je me retiens et attends ses explications. Passée la surprise, après avoir entendu ce qu’elle avait à me dire, je dois dire que je me suis assez énervée. Plein de souvenirs me revenaient en tête, des images de mon enfance. Bien sûr je lui ai posé des questions - est-il marié, divorcé? a-t-il des enfants ? est-ce qu’il vit seul ? qu’est-ce-qu’il a l’air ? Quelques réponses qui m’ont permis de faire la paix avec cette nouvelle. Pensive, j’ai fermé l’appareil et je suis allée dormir. Ce ne fut pas facile – l’histoire qu’elle venait de me raconter était assez abracadabrante, un appel du destin, comme vous le conviendrez sûrement en lisant ces lignes.

Je vous mets un peu dans le contexte :
À Laval vit un couple à la recherche d’une maison. Ailleurs, à St-Eustache, ma cousine Carole et son mari Yves veulent vendre leur maison. Un jour de mars, l’agente immobilier s’amène chez le couple de Laval avec une liste d’adresses sur laquelle figure celle de Carole et Yves. Monsieur ne veut pas faire le trajet pour aller visiter cette maison parce que de toute façon il considère qu’elle est beaucoup trop loin de son lieu de travail. Par contre, madame y tient beaucoup. Après quelques arguments, monsieur décide de s’y rendre pour lui faire plaisir.

Rendu sur place, le groupe se divise, les dames (l’agente et madame) restent à l’étage et monsieur descend avec Yves au sous-sol. Son œil de chasseur remarque un beau panache d’orignal accroché au mur. Par curiosité monsieur demande à Yves où cet animal a été abattu. En apprenant que c’était en Abitibi, monsieur lui confie qu’il a vécu dans ce village jusqu’à l’âge de 17 ans, soit jusqu’au moment où ses parents ont décidé de déménager la famille à Montréal. La conversation s’engage sur des souvenirs communs. D'une affaire à l’autre cet échange amène monsieur à parler d’une jeune fille de 13 ans dont il était amoureux quand il a quitté l’Abitibi à 17 ans, une jeune fille avec laquelle il a échangé plusieurs lettres pendant sa première année à Montréal et qu’il a dû oublier parce que c’était un amour impossible. Dès qu’il prononce son nom, il ne faut pas longtemps à Yves pour se rendre compte que cette fille, il la connaît parfaitement, qu’elle travaille avec sa femme et surtout qu’elles sont cousines. Vous comprendrez l’empressement de ce monsieur à prendre des nouvelles, après 33 ans, que fait-elle ? Cette jeune fille, c'était moi. Ils conviennent d’un commun accord qu’il serait de mise de laisser le numéro de téléphone de monsieur au travail, (parce qu’il est en couple avec madame) pour qu’Yves me le donne et que ce soit moi qui le rappelle.

La suite … Le temps passe et passe et monsieur n’a pas d’appel de moi. Deux semaines plus tard il s’amène à St-Eustache, seul, et sonne pour une 2e fois chez ma cousine. Comme elle était absente lors de sa 1ère visite, elle ne sait pas qui il est. Il se présente et raconte avec détails le but de sa visite, qu’il est surtout venu pour savoir si le message m’avait été fait. Carole est estomaquée en entendant toute cette histoire. C’est un homme déçu qui attend devant elle. Elle le rassure en lui disant que je n’ai sûrement jamais été prévenue, elle l’aurait su et que son mari Yves avait probablement perdu le bout de papier sur lequel était inscrit son numéro. Très émue, elle tente de m’appeler à la maison et ne me rejoint pas. Sans attendre elle lui donne mon numéro en se disant qu’elle m’avertirait dans la soirée ou sinon elle me le dirait le lendemain au travail. Elle m’a rejoint ce soir-là et me l’a dit.

La suite … Il m’a laissé des messages pendant la semaine, il était impatient de me parler, il me disait qu’il appelait du travail et qu’il rappellerait. Chaque fois le hasard faisait que je n’étais pas chez-moi au moment de ses appels.

Nous ne nous étions pas encore parlés et c’était dimanche soir. J’étais allée à Montréal pendant cet après-midi là, j’assistais, avec un ami, au défilé de la St-Patrick. En arrivant chez-moi je vois qu’il y a un message. Je l’écoute. C’est lui, pressant, il me demande de l’appeler chez-lui. Je compose le numéro qu’il me laisse et c’est lui qui répond. On se parle, on se raconte rapidement nos vies, on dirait deux enfants qui se sont quittés hier. On se promet de se rappeler et de prendre un café, j’ai déjà hâte qu’on se jase. Je sais qu’il n’est pas libre et à ce moment pour moi il n’est pas question d’autre chose que de prendre des nouvelles de quelqu’un que j’ai vu depuis longtemps.

Il ne se passe que trente minutes avant que le téléphone sonne à nouveau, c’est lui. Il aimerait qu’on se voit, tout de suite, là, maintenant. Il m’appelle d’une cabine téléphonique, il dit profiter du fait qu’il doive se rendre chez la personne qui complète ses rapports d’impôts. Il va les récupérer et me demande si je peux le rejoindre pour un café. J’hésite, j’ai l’air du diable, mes cheveux sont laids, je suis fatiguée de ma journée, en fait je ne suis pas à mon « meilleur », je ne veux pas faire mauvaise impression, ça fait si longtemps… Il me rassure il pense la même chose que moi et m’assure que ce n’est pas important tout ça. Qu’à cela ne tienne, j’y vais et j’espère qu’il me reconnaîtra. J’ai tellement changé après 33 ans, j’espère qu’il ne sera pas déçu.

J’arrive à la dernière minute, je suis comme ça, je ne veux pas être celle qui attend. C’est donc lui qui m’attend. J’entre dans le resto, je regarde devant moi, quelqu’un m’accroche gentiment en passant. Je suis de dos, il dit mon nom, je reconnais sa voix, je me retourne et le regarde, ses cheveux sont gris, son visage a vieilli mais ce sont ses yeux qui me parlent, le même regard qui m’éblouissait quand j’avais 13 ans, les mêmes yeux rieurs qui me distrayaient tant pendant mes travaux scolaires. En se regardant, pendant qu’on se raconte, assis un en face de l’autre, on comprend que plus rien ne nous séparera, ses parents l’avaient fait en déménageant il y a 33 ans, maintenant cette relation amorcée il y a longtemps, nous devons la terminer.

Voilà c’est notre histoire. Les semaines qui ont suivi notre rencontre ont été asssez pénibles pour mon Yvan. Il a du rompre avec la personne qui vivait avec lui pour venir me rejoindre dans ma vie de célibataire.

Et ce printemps a été le premier printemps d’une suite de printemps tous plus heureux les uns des autres.

5 Comments:

At 9:54 AM, Anonymous Anonyme said...

elle est magnifique cette histoire, comme une de cinéma, merci de l'avoir partagée.

 
At 8:57 PM, Blogger Miss Patata said...

Wow! Moi qui rêve de prince et de princesses je suis comblée! C'est donc ben beau!!! Je suis émue! C'est fort, quel geste d'une beauté, faut être convaincu!

 
At 10:58 AM, Blogger Celle qui va said...

Merci de vos commentaires -

Comme je l'écrivais chez Miss Patata dans un commentaire à son billet L'amourrrrrrrrr : Cet amour est arrivé au moment où je ne m’y attendais pas. Le destin a tout mis en oeuvre pour que nous soyons réunis, nous n’avons pu, ni lui ni moi, faire autrement les cartes étaient mises pour nous. Même sa conjointe du moment a participé à cette mise en place en insistant fortement auprès d'Yvan pour aller visiter cette fameuse maison. Longtemps après elle ne se remettait pas d’avoir été l’instigatrice de notre rencontre et je la comprends.

 
At 12:05 PM, Blogger Joss said...

Quelle belle histoire!!!
Incroyable!!!
Comme de quoi qu'un véritable amour ne meurt jamais...

 
At 8:55 PM, Blogger Fille aînée et soeur d'Elle said...

L'amour ne se commande pas, il s'impose,s'installe et insiste pour nous faire vivre de grands passions comme les vôtres!

 

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