2007/01/15

L'Impala blanche de mon père

Quand j’étais petite, assise sur la banquette arrière de la Chevrolet Impala blanche de mon père, je passais tous les trajets qui nous conduisaient jusqu’aux villages voisins à retenir mon envie de vomir et à regarder par la femêtre le chemin se défiler. Rien ne pouvait me détacher de cette fenêtre. Dans l’auto, la famille était aux aguets, tous ce demandaient à quel moment je demanderais à mon père de stopper l’auto pour que j’aille me vomir le corps sur le bord de la route. Cette situation me rendait tellement malheureuse. J’appréhendais les dimanches (généralement on sortait le dimanche) car je savais que j’aurais encore à souffrir d’être assise en arrière à subir la force centrifuge des virages, les freinages et les accélérations et en été, la poussière de nos chemins de « garnottes ».C’était l’époque où tout le monde roulait à toute allure sans être attaché. Chacun se dépassait tant bien que mal sur des chemins de campagne douteux et nous, les passagers arrière, faisions confiance à notre chauffeur.

Mon père et ma père fumaient à cet époque. J’aurais tellement voulu qu’ils s’abstiennent de fumer dans l’auto. J’étais fortement indisposée par la senteur de la fumée de leurs multiples cigarettes. Pensaient-ils à épargner leurs poumons et ceux des enfants qu’ils transportaient ? bien non, c’était la mode de fumer . Nul ne voyait de lien entre la senteur de la fumée de cigarette, le fait d’être assise sur la banquette arrière et mon mal des transports. À chaque déplacement en auto ou en autobus, plus tard quand j’étais pensionnaire, j’étais verte de mal et de peur. Jusqu’au jour où …..

Je me suis inscrite au CEGEP à Montréal. Je vous assure que j’ai dû me « concentrer très fort » pour ne pas être malade pendant les trajets en autobus. Il n'était pas question que je sois la risée de tout le monde. Et j’ai réussi ….

Aujourd’hui, je conduis. Autant que possible, si je ne conduis pas, je m’assoie sur la banquette avant et je demande aux gens qui m’accompagnent de ne pas fumer. Je m’épargne ainsi bien des malaises car voyez-vous je suis quand même restée fragile….

Si je vous raconte cela aujourd’hui c’est que je viens de voir à la télé une publicité de GRAVOL où les gens ont le visage vraiment vert. Ce qui m’a fait dire « Ça me rappelle de bien mauvais souvenirs ».